Mission II : Rituel.

Yvain n'était clairement pas quelqu'un de contrariant. Déjà de son vivant, il était du genre bonhomme, faisant ce qu'on lui disait de faire, ni plus, ni moins, et, surtout, sans discuter. Et les premiers siècles de sa non-vie, il avait suivi Isabelle. Elle était aussi intelligente qu'elle était belle, ce qui n'était pas peu dire… Même s'il avait eu bien des liaisons depuis qu'elle n'était plus là, aucune femme n'avait réussi à éclipser sa somptueuse créatrice.

Surpris par le propre fil de ses pensées, Yvain secoua légèrement la tête, de manière presque imperceptible, pour se remettre dans le bain des événements. En bon suiveur, il n'avait pas protesté quand on lui avait demandé de quitter l'ambiance tamisée de sa boutique pour rejoindre la Tour. Il n'avait rien dit non plus quand on l'avait emmené au Pays de l'été, là encore, toute affaire cessante… et n'avait pas eu de réaction quand la reine leur annonça qu'elle allait leur voler leurs pouvoirs. Yvain vivait depuis longtemps sur Emeraudia (à la louche, deux cent ans), donc il savait bien que le meurtre n'était pas toléré. En tant que vampire ne réussissant pas à se passer de sang humain, il était même très bien placé pour le savoir !!! En revanche, il n'était pas masochiste du tout, alors quand Quigg tenta de l'inclure dans son argumentaire, il se fit le plus petit possible (ce qui n'était pas si simple, car sans être très grand pour un homme, il n'était pas petit hein…). Qu'est-ce qui prenait à Quigg de parler de lui ? Certes, ils étaient tous les deux des vampires mais…

Heureusement, sa machine cérébrale n'eut pas besoin d'aller au-delà car Tamia ne tarda pas à remonter les bretelles du vampire (pas sûr que ça suffise d'après Yvain, après, ce qu'il en dit lui…) et, surtout, à leur confirmer ce qu'il pensait : on allait voler leur pouvoir, mais pas celui qui les maintenait en vie.

Quigg et lui étaient des vampires de la même catégorie. De ce fait, ils devaient boire du sang, ne pouvaient pas supporter le soleil sans artefact et ils pouvait se transformer en animal. En l'occurrence, pour Yvain, en loup. Et il ne se transformait pas. Jamais. En théorie, il pouvait… sauf que la seule fois où il l'avait fait (par pur accident) cinq siècle plus tôt, il était resté coincé sous cette forme pendant des mois sans réussir à redevenir « humain ». ça n'avait pas été idéal pour se nourrir de sang… Le fait était qu'il n'était pas doué pour les magies compliquées et que la transformation n'était pas intuitive chez lui. Mais il avait quand même un lien très fort avec les loups. Comme il évitait sciemment de se transformer (c'était assez facile, il suffisait qu'il ne le fasse pas, point!), il avait comme dévié au niveau de sa magie, et à la place, il pouvait appeler les loups sur une grande distance.

Sauf qu'en fait de loups, le climat du pays des prêtresses n'était pas du tout adapté, alors il n'y en avait pas. Cela ne manquerait donc pas à Yvain. Il y avait des hiboux par contre… mais son comparse, lui, était plutôt un adepte de la transformation. Ce n'était qu'un exemple parmi d'autres des infimes différences entre eux alors que leur magie était par essence la même.

Au demeurant, ça ne le dérangeait pas qu'ils ne se ressemblent pas. Yvain sentait bien que c'était essentiellement une question de caractère, bien plus que de magie. Par exemple, en théorie, Yvain était plus fort que Quigg car il était plus vieux que lui. Mais Quigg ne se comportait pas du tout comme si c'était le cas. Heureusement, Yvain n'était pas du genre à prendre ombrage pour si peu, on ne le répétera jamais peu, au milieu de tous ces agents caractériels, le vampire français était doux et conciliant ~~ce qui n'est pas très français comme trait de caractère, soit~~.

Sauvé des représailles de la reine des démons, il suivit tout ce petit monde au bain. Sans être très pudique, Yvain n'était pas très à l'aise avec la nudité. C'était peut-être un peu idiot, mais ça l'ennuyait surtout d'enlever ses chaussettes car elles cachaient la fleur de lys qu'il avait de tatoué au fer rouge sur sa cheville. Autrefois, à l'époque où il était né, c'était un symbole de flétrissure. Il n'avait plus que de vagues souvenirs de ce qui s'était passé… sa mémoire était parfois un peu flageolante à cause du passage des ans (il avait passé beaucoup moins de temps humain que vampire, ce n'était pas rien de le dire). Quand il regardait sa cheville, il n'avait que quelques flashs, une femme dans une taverne, une arrestation, et puis après quelques temps en prison – pas très longs à priori -, on l'avait marqué en signe de punition. Il se souvenait aussi qu'on l'avait marqué à la cheville, un endroit relativement discret, plutôt qu'à l'omoplate par égard pour ses parents. Le reste était moins net.

Mais peu importait, il n'aimait pas cette marque d'une autre vie. Non seulement elle ne ranimait qu'un sentiment de profonde injustice, et, en plus, elle appartenait à l'existence de Charles. Et il n'était plus Charles depuis très longtemps… Au tout début de son existence d'immortel, porter son nom de baptême était trop douloureux.

Il s'abstint toutefois de toute discussion et de toute tentative d'esquiver cette situation et c'est en silence qu'il rejoignit les autres hommes dans la salle de purification – fort belle par ailleurs -. Il était gêné par la présence des trois prêtresses et il essayait de regarder dans la direction opposée à la leur dans la mesure du possible. Quant à participer aux conversations de ses comparses, il n'était pas contre mais… il ne savait même pas quoi dire. Il avait si peu de contacts avec eux. Il ne connaissait que Quigg et Lev. Pour d'autres raisons qu'Itachi, la majeure partie de ses connaissances étaient féminines… sauf que dans son cas, il s'agissait le plus souvent de relations amicales après un état plus romantique. Yvain restait ami avec ses ex dans la mesure du possible, après tout, ce n'était pas comme si c'était de l'amour… la seule femme qu'il aimait était Isabelle… mais elle n'était plus là. Il était proche d'Elena, bien sûr, et la romance flottait souvent entre eux. Mais le fantôme de sa créatrice aussi. Bien qu'Isabelle ne soit pas morte pour ce qu'il en savait.

Rejetant la tête en arrière pour s'enfoncer plus profondément dans l'eau, il poussa un profond soupir sur l'état de ses relations sociales… Un jour ou l'autre, il allait falloir qu'il remédie à sa solitude et fréquente plus assidûment ses collègues… Après tout, une fois qu'on avait pris un bain nu avec quelqu'un, boire un verre avec ne devait pas être bien compliqué.

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Invité

« Oui c'est la première fois. Mais part du principe que c'est ma première fois pour tout, ça ira plus vite ! »

Archi avait parlé doucement mais sourit à Alleya, pour ensuite reporter son regard sur Tamia. Oui, il était un petit nouveau et il l'était sur tous les sujets. Un vrai bleu quoi ! Et ça marchait pour tout.

« Euh... je n'ai pas trop vu. Dis moi..., c'est moi où tu les connais, ces femmes ? »

Parce que des femmes, il y'en avait. A croire que c'était un pays féministe, en fait. Archi avait cru noter une certaine proximité entre l'agent et les dites prêtresses, des regards, des attitudes et d'autres indices ~~parce que oui, Archi connaît bien Alleya, c'est une vieille amie~~.
Rien de très concret, certes, mais même quand elle en parlait, on sentait que la jeune femme n'était pas au même niveau qu'Archi. Bon, il fallait le faire pour être au même niveau que lui, certes. Mais une intuition restait une intuition.
Quoiqu'il en était, non, Archi n'avait pas vu Lev dans la foule des agents (il était tout devant et ça n'aidait pas). Il fallait dire que Lev et lui n'étaient pas vraiment proches et que de toute manière, il avait mieux à penser. Ses pouvoirs quoi ! Il se découvrait l'hypervitesse et on voulait maintenant la lui reprendre, sans rire !

Le moins que l'on pouvait dire c'était que Tamia Yamazaki aimait les entrées en matière fracassantes. Pas qu'Archibald n'y était pas habitué (disons qu'il avait vaguement cerné le personnage), bien au contraire, s'il y avait bien une personne qu'il avait appris à connaître depuis son arrivée à Emeraudia, c'était la reine des Démons. C'était assez surprenant en y réfléchissant bien : Archi n'avait pas beaucoup d'amis ~~c'était le moins que l'on puisse dire~~ et la personne qui l'avait le plus marqué – hormis Alleya, qu'il connaissait finalement assez peu – était sa professeur d'épée. Son maître d'armes, en d'autres termes. L'experte suprême d'Emeraudia du coupe-chou.

Archibald aurait pu déguerpir à toutes jambes quand on lui avait dit qu'on allait lui piquer ses pouvoirs ~~SES pouvoirs, how ! Pas touche.~~. Quand on lui avait dit qu'il allait devoir prendre un bain avec tous ses 'potos' de la tour bleue, aussi. Mais non. Loin d'être effrayé, Archi était choqué des propos de Tamia.
D'un, que l'agent Certi soit une pipelette névrosée ne justifiait en rien qu'on le qualifie lui de 'métis qui sait à peine où il se trouve' par sa supérieure. Il savait parfaitement où il se trouvait, merci pour lui. Le paradis végétal, enfin l'enfer, enfin... le Pays de l'été. Le pays situé sous Emeraudia (l'enfer de la Terre, pour les nuls) mais qui n'avait d'infernal que les démons et leur dirigeante, Tamia Yamazaki. Tout était beau, ensoleillé et luxuriant ~~comme Tamia~~.

Enfin, 'tout était beau'. Visuellement parlant, tout du moins, parce que ce qui allait arriver n'avait rien de très joyeux. Les agents allaient passer à la moulinette, ni plus ni moins. On allait sucer leur pouvoir jusqu'à l'os et ne laisser que de vulgaires agents desséchés et dans un état proche du coma. Sympa. Dans ces cas là, on préférait fuir jusqu'à un picpoul éloigné, sur Terre, pour picoler un max et tout oublier, loin de tout ce bordel ~~oui je suis vulgaire, c'est la fête~~ plutôt que de rester là. Et rester là incluait aussi se baigner à poil dans une grande baignoire, devant l'œil de prêtresses du coin. Ben oui ! Fiesta loca ! Il devait s'agir d'un sabir, une expression du coin, surement. 'Se laver dans les eaux du temple', en démon, voulait certainement dire autre chose. Comme aller faire l'apéro entre mecs et laisser les filles palabrer entre elles.

L'agent fut donc obligé de piéter à la suite de ses collègues pour aller trempouiller sous l'œil expert des prêtresses. Prêtresses qui avaient le beau rôle! Rester habillées devant des mecs à poil, elles allaient bien pouvoir se rincer l'œil les coquines. Qu'elles croient ! Les jeunes femmes (dont une plus que les trois autres) étaient certes très jolies, elles n'auraient pas la chance de voir l'entière anatomie du jeune Grant. Non, non, le jeune homme ne comptait pas se trimballer les attributs à l'air et parader tranquillement.

Ce qu'il fit d'ailleurs. Le jeune homme se déshabilla et cacha presque immédiatement son anatomie avec ses mains, pour que personne ne s'y attarde. Certes, les autres hommes n'étaient pas spécialement à l'affut, il fallait bien l'avouer. Tout aussi gênés que lui, personne n'osait se regarder (à part les prêtresses, donc) et personne ne se pria trop pour aller dans l'eau, où ils étaient partiellement cachés (le secret pouvoir camouflant du reflet sur l'eau. Merci.).

Cette soudaine proximité donna à réfléchir Archibald. Il n'avait aucun ami masculin (même Lev n'entrait pas dans cette catégorie) et ne connaissait pour ainsi dire personne à l'agence. Si la situation actuelle ne rapprochait pas les hommes, c'était qu'il y'avait un problème.
Tout en s'immergeant entièrement, Archi s'approcha de son voisin le plus proche. Un garçon qui avait l'air plus jeune que lui (et qui devait en conséquent avoir 90 000 ans) et qui n'était accompagné de personne (Yvain).

« C'est particulier comme mission, hein ? »

Archi ne put s'empêcher de rire à l'annonce de sa phrase. Très franchement, l'humain n'aurait pas imaginé que pour une de ses premières missions il soit obligé de donner ses pouvoirs et avant ça de prendre un bain commun avec ses collègues agents. On était bien loin du métier de pompier, je vous le dis !

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Alleya faillit entrer sur le terrain des premières fois, puis elle se ravisa. Ce n'était pas le moment de taquiner le bleu du groupe – qui au demeurant avait trouvé encore moins au point que lui puisque Al' repéra une aura humaine complètement paumée un peu plus loin -. Elle répondit donc à sa question au sujet de « ces femmes ». S'il savait ! Dans le tas, il y avait la meilleure amie de sa mère, ses deux tantes, et donc bah… sa mère, en toute logique. Pour les connaître, elle les connaissait. Il n'y avait que Guenevria qu'elle avait peu côtoyé car contrairement aux autres, elle n'était pas encore prêtresse quand Alleya était née.

« Je suis à moitié voleur d'âme, alors oui, forcément, je les connais. J'étais à l'école du Temple Principal quand j'étais enfant. C'est aussi le cas de Johan et sûrement de quelques autres démons ou métis. Même si il y a aussi des écoles dans les autres îles... mais les Voleurs d'Âmes sont plutôt éduqués ici. Il y a une île par race principale de démons tu comprends ? Comme la famille royale est composée de Voleurs d'Âmes, le Temple Principal est sur l'île de ce peuple. Les démons sont globalement assez proches de leurs dirigeants. Un peu moins de la Grande Prêtresse peut-être vu qu'elle est tout le temps avec les Inyas ou Lantys, mais les autres passent beaucoup de temps avec leur peuple. » Elle avait repris le ton qu'elle employait pour expliquer à Archibald comment fonctionnait Emeraudia. Après tout, il l'avait dit lui-même, cette dimension était un complet mystère pour lui.

La suite du programme informa la princesse du cru qu'elle allait devoir faire ses ablutions. Ça faisait longtemps, tiens ! Avant de laisser Archibald, elle lui lança un dernier conseil : « Fais attention, hein, ici c'est une société matriarcale. » Elle le lui avait déjà plus ou moins dit, mais mieux vaut prévenir deux fois que pas du tout, et elle était un peu inquiète. Sur Terre, la plupart des sociétés étaient, justement, patriarcales. Prenez l'Enfer (même si Archibald n'y avait sûrement jamais mis les pieds), certes les Satans étaient des femmes, mais le grand manitou qui avait tout pouvoir était un homme, et la plupart des petits royaumes démoniaques étaient dirigés par des hommes. Si cela ne choquait pas outre mesure Alleya qui n'était qu'à moitié démon et qui avait grandi à mi-temps sous la coupe des Inyas dont la moitié était des hommes, les Prêtresses n'étaient pas toutes aussi compréhensives… même si Alleya remarqua bien que la répartition éloignait les dangers potentiels en les mettant avec les femmes. Quoique, Cilia n'était pas un réel danger, elle était sûrement là pour calmer les deux autres.

Elle dut empêcher assez vite, par exemple, que Raphy ne gaffe en venant lui parler. Heureusement que sa tante avait assez de plomb dans la cervelle pour six, elle était la plus posée des Prêtresses avec la fameuse Guenevria (Ceres n'était pas spécialement excentrique, mais elle faisait tout ce que disait Tam' sans discuter, ce qui était en général un défaut aux yeux de la princesse). Alleya n'avait donc jeté qu'un œil à ses deux tantes, ce qui avait suffi pour que, silencieusement, elles se disent qu'elles se parleraient plus tard. Il n'était pas nécessaire de griller encore plus sa couverture. Une petite partie des agents savaient qui elle était, c'était assez gênant comme ça, et c'était plus une entrave qu'autre chose dans la poursuite de sa carrière. Certes, elle était une princesse, mais 1) elle n'hériterait pas, selon la loi, elle n'avait pas ce qu'il fallait pour ça, 2) l'attitude d'autrui changeait à l'annonce de son ascendance. Elle aimait sa famille, et d'habitude au sein du temple, elle avait sa place… mais pas cette fois.

L'ambiance dans les salles de purification n'était pas franchement folichonne du côté des filles. Alleya s'était déshabillée et avait exhibé sa plastique sans honte, comme si elle était un démon à part entière, ce n'était pas la pudeur qui l'étouffait.

Comme elle trouvait le silence ambiant un peu pesant (et que ce n'était pas Lucy qui allait arranger les choses), Alleya lança à la cantonnade : « ça vous dit une bataille d'eau ? On s'ennuie là, non ? » Cela lui valu un sourire narquois de Miaka et un, plus réprobateur, de Cilia. Elle ne voyait pas Raphy de là où elle était, alors elle ne savait pas ce qu'elle en pensait. Au fond, elle s'en fichait. Car, après tout, Al' était de ceux qui pensent « Quand les gens sont d'accord avec moi, je me dis toujours que je dois avoir tort. », car à part quand il s'agissait de sa mère, elle n'était pas la personne la plus fine qui existât. Par contre, pour ce qui était de mettre de l'ambiance, elle assurait ! Et ce n'étaient pas les prêtresses qui allaient gronder leur chère petite princesse Ella pour avoir mis de l'eau sur les pierres bien propres de la salle de purification, pas vrai ?

Avec enthousiasme et sans attendre de réponse (ni voir qui s'enfuyait face à cette attaque), elle commença à asperger ses compagnes de bain. A un moment, elle utilisa même son pouvoir sur l'eau pour envoyer de belles salves à sa coéquipière Elysa. Certaines ripostèrent et dans toute une partie du bassin, la cérémonie se transforma en jeu. L'autre moitié était plus sage et veillait à ne pas trop s'approcher.

Quand Alleya fut bien essoufflée, elle sortit du bain et alla s'enrouler dans une serviette. En relevant ses cheveux, elle ne manqua pas de faire remarquer : « C'est quand même bien plus sympa dans cette ambiance là un bain entre nanas ! »

Et il fallut quelques minutes supplémentaires pour qu'elle s'habille. Non qu'elle eut le choix de sa tenue, contrairement à ses compagnes, on lui tendit un paquet… de manière si naturelle que c'était juste comme si c'était ces vêtements là qui étaient à sa taille. Et en dépliant la tenue, Alleya réalisa que c'était en quelque sorte le cas : c'était sa propre tenue de cérémonie rituelle. Une longue robe blanche quasiment similaire à celle que portait Tamia sur le parvis. En haussant les épaules, la blondinette passa la tenue. Ce n'était pas bien grave qu'on remarque ça car ce n'était pas la seule robe de Vestale qu'on pouvait trouver dans le vestiaire. Et quand tout était aussi uniformément blanc, on ne faisait plus tellement attention à la forme. Al' sécha ses cheveux rapidement et retrouva la fil qu'elle allait suivre pour passer à la suite. Elle ne s'en était pas vraiment inquiétée, elle savait bien qu'avec elle dans le tas, sa mère n'allait rien faire de mal. Par contre, elle s'ennuyait de nouveau… Alors il y avait intérêt à ce que les choses passent à la vitesse supérieure !

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Cordélia avait un peu papoté avec Raëlle mais, rapidement, le cours des événements les avaient interrompues. Par le fait, elle ne sut pas ce que son amie pensait de cette petite visite sur les terres de l'ex' de son copain. Chaque voyage au Pays de l'été était, pour Raëlle comme pour Miaka, l'occasion d'un affrontement féminin discret. Miaka montrait bien qu'elle avait l'avantage du pouvoir et une place que nul ne pourrait lui voler, celle de mère du premier enfant de Johan (car, après tout, il en aurait peut-être d'autres plus tard) et pour Raëlle… et bien, pour ce qu'en savait la brunette, c'était surtout une source d'embarras. Mais à priori la prêtresse ne savait pas encore pour les fiançailles… même si la bague au doigt de la jeune agent n'allait pas laisser planer le mystère trop longtemps.

Surtout que c'était Miaka qui accompagnait les femmes pour le rituel de purification. C'était un bon plan sur le papier car Miaka était déjà assez obsédée par son ex sans qu'en plus elle le voit nu, mais bon… les sœurs de Tamia n'étaient pas les prêtresses préférées de Cordélia. Ok. Elle n'avait pas vraiment de prêtresse préférée, c'était juste une façon de parler, mais n'empêche que Tia ou Céres, ça lui aurait parfaitement convenu à elle !

Lorsque Alleya lança la bataille d'eau, ce fut sans grande surprise que la maîtresse des poisons de la Tour Bleue se tint à l'écart, dans la partie du groupe qui ne voulait surtout pas être mêlée à ça. Elles n'étaient plus en maternel tout de même ! Et puis, quelle image cela donnait des agents de Quartz que de se conduire ainsi ?!

Toutefois, s'éloigner de la partie la plus vivante du groupe l'obligea à se plonger dans ses pensées. Raëlle ayant été directement visée par un jet d'eau, Cordy avait du se mettre loin d'elle pour ne pas finir victime à son tour. Alors elle pensa d'abord à Ian, avec lequel elle n'avait pas discuté depuis l'épisode du couloir… et comme ça la dérangeait de penser à l'ange, elle plongea un peu plus dans l'eau et revint sur la question du livreur devenu agent. Lorsqu'elle l'avait soigné pour sa petite blessure de rien du tout (un simple malaise du à l'hypoglycémie) dans son laboratoire quelques mois auparavant, elle avait noté qu'il était métis, donc qu'il avait probablement des pouvoirs du à sa seconde moitié de sang, mais il était aussi terrien. Beaucoup d'agents étaient de la Terre, car la Tour aimait bien les garder à l’œil. Mais là, elle doutait que ce soit vraiment ces circonstances qui avaient amené Grant à devenir membre de leur groupe. Elle avait lu dans ses pensées mais elle n'avait pas porté assez d'importance à leur rencontre pour se souvenir exactement de ce qu'elle y avait vu. Surtout, elle n'avait pas fouillé en profondeur, ça n'avait aucun intérêt sur le moment. Elle ne se souvenait plus si elle lui avait fait des analyses de sang ou pas, bah… peu importe. Elle devait bien s'avouer à elle-même qu'elle ne pensait à leur nouveau compagnon d'arme que pour ne pas penser au frère de son amie.

Amie qui allait être dans l'embarras si le bain se prolongeait car Miaka la fixait d'un drôle d'air. Avait-elle enfin remarqué la bague ? Cordélia n'osait pas pénétrer les pensées de la prêtresse, elle était très puissante et risquait fort de s'en apercevoir. Gardant ses doutes pour elle et n'ayant pas de confirmation, elle opta pour une prudente stratégie de repli. Elle se releva, hésitant à cacher certaines parties de anatomie avant de renoncer (parce qu'elle n'avait que deux mains et que ça lui donnait l'impression d'être ridiculement prude). Elle s'approcha en quelques enjambées dans l'eau de Raëlle et lui prit la main. « Suis moi, on va s'habiller. Pas la peine de se friper comme un vieux pruneau juste pour se purifier. »

Elles sortirent du bain (même si Raëlle n'eut pas vraiment d'autres choix que de suivre son amie, plutôt autoritaire comme à son habitude) et allèrent se trouver des vêtements. Cordélia prit une robe longue avec une ceinture qui seignait ses hanches. Elle laissa ses cheveux libres car, même si des bandeaux et autres accessoires blancs étaient à disposition, elle trouvait que ça ne lui allait pas. Trop de blanc. Une couleur pas tout à fait en adéquation avec son caractère et ses activités d'empoisonneuse (ok, ok, elle était plutôt sensée créer des antidotes, mais au combat, elle utilisait des poisons!).

« Cette mission manque un peu de combat... » Regretta-t-elle à voix haute en lissant sa robe – Cordy aimait être toujours impeccable -. Elle espérait au moins que ce rituel n'était pas une grosse arnaque et qu'il allait vraiment servir à quelque chose. Pour nécessiter une si grande variété de pouvoir, ce devait être un rituel très complexe… mais on l'excuserait de se méfier de Tamia. Voilà deux ans qu'elle était à Savoir à mi-temps pour les entraîner, et il fallait sans cesse reconstruire des parties du bâtiment à cause d'elle ! Enfin… elle n'en restait pas moins Reine des démons. Et si Quartz avait donné son aval… ça suffisait à Cordélia. Obéir et servir, telle était sa devise. Même si souvent c'était à contrecœur.

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Décidément, cette mission inhabituelle ne commençait pas si bien pour Aziliz Sixtine. Alors qu'elle méditait en silence sans embêter personne en attendant l'allocution de la reine des Enfers, elle avait été bousculée par une jeune blonde éthérée à l'air perdu qui ne prit même pas la peine de s'excuser. Puis la royale démone avait annoncé que leur tache d'aujourd'hui, si le mot était toutefois approprié vu la passivité requise, était de se laisser gentiment déposséder de leurs pouvoirs pour le bénéfice d'un rituel mystérieux. Moins scandalisée que beaucoup d'autres agents, comme le jeune Terrien bien charpenté qui allait devenir son nouveau coéquipier, la vouivre en avait rit sous cape, se disant que ça ne la changerait guère de son ordinaire vu la présence constante à son poignet du contrôleur de force que lui avait imposé la Tour Bleue. Néanmoins, elle fut davantage prise au dépourvu quand, à côté d'elle, Quigg Certi, qui venait de lui faire un compliment galant sur sa nouvelle coiffure et qu'elle connaissait d'habitude pour son calme flegmatique, son talent au haut-bois et ses soirées jazz, fut pris devant l'intégralité de l'assemblée d'une logorrhée de protestations indignées.

Voyant le regard de la reine Tamia se durcir au fur et à mesure du crescendo du vampire jusqu'à un point d'orgue incongru qui impliquait une tierce personne inconnue au bataillon, Aziliz fit le vœu muet qu'il ne se fasse pas désintégré sur le champ pour cet outrage. Quand la démone envoya une vague de pouvoir en guise de punition, Certi en perdit momentanément l'équilibre et la vouivre eut le réflexe de le rattraper par la manche. Mais elle s'arrêta en plein geste, puisque l'homme, juste un peu secoué, resta sur ses deux pieds.

Les agents d'Ethereal eurent tout de même, grâce à cette transgression intempestive, le droit d'obtenir quelques détails supplémentaires sur le déroulement des opérations et les conséquences, en définitive mineures, auxquelles ils devraient faire face. Un bain, une robe blanche, un simple affaiblissement temporaire. Quand la reine eut fini de leur jeter ces informations comme des miettes à des pigeons affamés et qu'elle leur eut donné rendez-vous dans la salle de rituel avant de tourner les talons, Aziliz Sixtine se tourna vers Quigg Certi.

« Qu'est-ce qui vous a pris de donner un tel boucan devant la souveraine des Enfers ? » l'interrogea-t-elle sur le ton de la remontrance. « Avez-vous perdu la raison pendant mon absence ? » « Oh, je vous en prie, Sixtine » balaya-t-il en repassant du plat de la main les plis de son costume, « ne me dites pas que vous allez me faire la leçon à votre tour. La moitié des gens présents peuvent bien penser que je me suis ridiculisé, il n'empêche que tout le monde est bien content d'en savoir un poil plus sur la sauce à laquelle on va être mangé ! Ça vous est peut-être égal, en tant que vouivre habituée à survivre aux pires conditions environnementales, mais en ce qui me concerne, je préfère assurer mes arrières. »

La femme haussa les épaules. « Qu'importe. Ce qui est fait est fait. Et tant que vous êtes le seul à récolter ce que vous semez, cela ne regarde que vous. » Puis elle lui indiqua de son index tendu un mouvement composé des seuls hommes qui se dirigeait vers une grande porte, mené par les prêtresses Tia, Ceres et Guenevria. « Nous devons nous séparer, de toute façon. Vous devriez les suivre avant de vous faire encore remarquer en vous mettant en retard. » Il acquiesça d'un hochement de tête, sans faire plus d'histoires. Il semblait déjà avoir oublié l'angoisse qui l'avait submergé à la vue d'une des agentes, à moins que la séparation des sexes lors de ces ablutions ne lui fournit un réconfort suffisant pour ne plus la laisser transparaître. « Soyez sage » lui glissa toutefois la vouivre avant qu'il ne disparaisse dans la colonne des hommes. « Moi ? » s'exclama-t-il a cet ajout malicieux, la main plaquée sur son cœur mort et une expression choquée sur son visage. « Mais enfin, Sixtine, de quoi me soupçonnez-vous ? Je suis la sagesse incarnée ! »

Sur cette belle proclamation d'innocence, Quigg Certi s'envola sous sa forme de hibou pour se poser et se métamorphoser de nouveau en humain quelques mètres plus loin, juste devant la porte qu'il devait traverser. Alors qu'elle continuait de le regarder, il tourna une dernière fois sa figure vers la femme aux cheveux roux avant de franchir le seuil. Il lui fit alors, éphémère comme l'éclair, un drôle de sourire carnassier aux canines pointues, plein de promesses mystérieuses, avant de disparaître.

« Que va-t-il donc inventer ? » se demanda Aziliz en levant les yeux au ciel et en poussant un soupir d'entre ses lèvres ourlées d'un sourire involontaire. Elle ne s'inquiétait pas trop pour les camarades qu'il rejoindrait, car elle n'avait jamais vu Certi manquer ouvertement aux respects élémentaires qu'il devait à quiconque. De plus, elle aussi devait rejoindre son propre groupe, guidé par trois autres prêtresses, Miaka, Cilia et Raphaëlla. Elle constata que l'agente qu'avait peu courtoisement pointée du doigt Certi n'était déjà plus présente, sans doute trop irritée pour rester à fulminer avec le vampire sous ses yeux. La vouivre emboîta le pas aux dernières femmes qui passaient le seuil de leur propre salle de purification.

Une fois arrivée dans celle-ci, Aziliz Sixtine se débarrassa de ses vêtements en un instant. Ils étaient simples, légers, pratiques, et la nudité ne la troublait nullement en l'absence de regards masculins. Elle était de surcroît pressée de pénétrer dans les eaux douces et limpides du temple, son élément naturel et protecteur. La vouivre ressentit un mélange de plaisir et de délassement, de confort et de délivrance quand elle se laissa submerger dans l'eau agréablement chaude. C'était littéralement un retour aux sources, une plongée voluptueuse dans l'univers aquatique matriciel.

Quand une jeune fille vint taquiner les autres en leur proposant un jeu d'éclaboussures, cela causa à l'antique créature des marais stagnants plus d'ennui que d'amusement. Comme d'autres femmes plus enclines à se prélasser qu'à jouer, elle s'échappa alors sous la surface transparente par de longues brassées qui lui firent filer un courant exquis sur la peau. Paupières closes, elle savourait les caresses et l'étreinte sensuelle de l'eau sur son corps dévêtu. Sereine, elle ne faisait plus qu'une avec l'onde.

Arrivée à l'autre extrémité du bassin, Aziliz sortit la tête et le buste de l'eau et s'accouda dos au rebord. Elle passa des doigts pensifs sur une frise de signes géométriques hypnotiques gravés dans la pierre. Tous liés les uns aux autres, l'alternance des motifs se répétait avec une régularité parfaite. À part les petits geysers joyeux des jeunes recrues pleines de fougue, tout était paisible. Tout était idéal dans sa sobre élégance. Des murs taillés dans la roche, à la surface polie, émanait une blancheur chaleureuse, les reflets miroitants de la lumière égalaient en éclat la clarté de l'eau pure et les femmes qui la peuplaient étaient belles.

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Mission II : Rituel.

Pendant que les agents étaient tous dans l'eau, la Grande Prêtresse du Pays de l’Été s'occupait de préparer ce qui était nécessaire au rituel, en plus de la magie des agents évidemment. Lantys l'y aidait mais il restait silencieux. Il ne leur restait plus que quelques minutes avant que les agents reviennent et qu'ils leur fassent part de leurs découvertes de ces deux dernières semaines. Ils ne l'avaient pas fait avant la purification parce que ça ennuyait Tamia et que, comme chacun sait, tout le monde dans l'enfer d'Emeraudia fait ce que la maîtresse des lieux veut (c'était aussi assez valable dans d'autres endroits, mais elle n'aimait pas qu'on le lui fasse remarquer : ça mettait trop en avant son mauvais caractère).

Les six prêtresses firent leur entrée, derrière elles le groupe d'hommes et le groupe de femmes qui travaillaient pour Quartz. Ils étaient entrés dans une pièce circulaire habituellement réservée à la Grande Prêtresse et interdite aux personnes extérieures au temple. En son milieu se trouvait une fontaine d'où jaillissait de l'eau qu'on devinait provenir de la même source que celle où les agents avaient pris le bain de purification. Des symboles étaient gravés au sol, en Olympien, ce qui faisait que seuls quelques agents devaient être en mesure de les lire. En gros, ces symboles disaient : ici naquit la lumière qui recouvrit le monde, bénit soit la déesse, que son nom demeure gravé dans l'âme de ceux qui n'en ont pas.

Au centre de la fontaine, on pouvait remarquer comme un vide, un manque dans la décoration de l'endroit, même si en réalité c'était bien plus que ça qui avait disparu : c'était l'emplacement de l'artefact volé à l'insu des démons, y compris de Tamia – qui était à Savoir à ce moment là de toute manière -.

La Grande Prêtresse en question était assise au rebord de la fontaine et avait une main plongée dans l'eau claire. Tamia observait les agents. Elle n'avait pas envie de leur parler. Elle ne voulait pas le faire. Pourquoi y était-elle obligée ? Pourquoi était-elle encore reine après cet échec cuisant ?

Elle fronça les sourcils, ce qui n'était jamais annonciateur de quelque chose de bon. Son moral était meilleur précédemment, mais maintenant, même taquiner Lantys n'aurait pas suffi à la dérider. Elle n'en avait pas envie.

« Ma reine ? » Questionna d'un ton prudent Lantys. « Tamia, les agents ne vont pas attendre indéfiniment que tu te décides. Les effets de la purification ne sont pas éternels, surtout sur des humains. » Tamia regarda d'abord Lantys d'un air vide, puis sa sœur Cilia (qui venait de parler). Elle soupira et se releva.

« Soit. Mais d'abord, Lantys, expose les résultats de l'enquête pendant que je plonge là-dedans. » L'Empereur du Ciel hocha la tête en signe d'assentiment. Tamia grimpa sur le rebord de la fontaine et s'y immergea, ce qui ne sembla pas perturber outre mesure la caste dirigeante présente dans la pièce. Cela fut plus perturbant pour certains agents.

« Nous avons découvert que l'artefact avait été envoyé dans une autre dimension, mais pour nous empêcher de le pister, ils l'ont fait voyager dans plusieurs mondes différents, de façon à ce que nous perdions sa trace. Il a commencé par être dans une dimension qui communique uniquement via la musique, comme le montrait des documents trouvés par monsieur Rhian chez les rebelles, mais il a ensuite rapidement été emmené ailleurs et ainsi de suite. Nous avons visité quelques mondes sans succès, nous allons donc procéder différemment via ce rituel. » Tamia sortit la tête et le buste de l'eau (qui lui arrivait à peu près aux hanches). Sa robe était semi-transparente mais ce n'était pas ce qui dérangeait la Reine. C'était de dire ce qui allait suivre.

« Je vais procéder au rituel… mettez-vous contre le mur de façon à former un cercle et donnez vous la main. Lantys, mes sœurs, sortez. Je me charge de la suite. » Ils obtempérèrent. Visiblement Tamia allait mener sa mission à bien. Mais le contraire eut été étonnant, la liste des choses qu'elle avait faite à contrecœur pour sauver les dimensions était longue comme le bras… et avait rarement fait son bonheur.

« Vous êtes ici dans une pièce spéciale où l'artefact était gardé. » Certains démons, qui venaient de comprendre de quoi il s'agissait avant que leur reine ne le leur dise, étaient choqués et très pâles. « Vous savez qu'Emeraudia est le miroir inversé de la Terre, mais aussi que malheureusement, nous subissons ses mauvaises influences. Contrairement aux anges, nous avons toujours possédé un soleil, mais autrefois nous n'avions pas d'eau. Les enfers d'Emeraudia n'avaient rien de la complexité nocive de celui de la terre, mais c'était un grand désert aride où il était dur de se nourrir. C'est pourquoi nous nous en prenions aux humains. Puis, la Déesse est intervenue. Elle est venue de l'Olympe et elle a fait jaillir une source qui ne se tarissait jamais. Elle a rempli les creux de notre terre, créant nos îles, puis, pour compenser le vice qui avait commencé à se former dans le coeur de certains démons qui, faute de nourriture, se nourrissaient d'âmes, elle les a maudit, restreignant leur possibilité de se nourrir sans toutefois pouvoir complètement leur enlever ce pouvoir. Cette race maudite était la plus nombreuse des démons d'Emeraudia, la plus sage et la plus forte d'entre eux fut choisi pour régner sur ces terres désormais fertiles… vous connaissez ou devinez sûrement la suite. Le sceptre avec lequel la Déesse nous a donné l'eau est resté en tant que relique, ici, au point d'eau initial. » Et c'était donc ce qui avait été volé. Un véritable sacrilège… même si la magie était maintenant ancrée dans la terre et que le sceptre était essentiellement symbolique, il était lourd de sens pour les démons du Pays de l’Été, et plus encore pour Tamia et sa famille, les héritiers de la première reine.

« Nous devons retrouver ce sceptre... » Affirma-t-elle en laissant glisser l'eau entre ses doigts. « Tenez-vous prêts, je vais commencer. Vous ne devez surtout pas lâcher la main de vos camarades, même si le courant de la magie est fort. » Elle commença alors à incanter, des petites lumières s'allumèrent au plafond. Lanys et elle avaient dessiné une carte des dimensions là-haut (qu'ils devraient effacer ensuite, la pièce était sacrée). Au bout de quelques minutes d'incantation, elle mis ses mains en face d'elle et son propre sceptre apparut, brillant de mille feux, et chaque agent vit une lumière sortir de lui : son pouvoir, celui dont Tamia avait besoin pour tracer la relique à travers les dimensions. Toute la magie pénétra dans son symbole de pouvoir pour ensuite jaillir vers le plafond, cela produisit comme un très fort souffle d'air chaud, très déstabilisant : « Ne lâchez pas vos mains ! » Lança Tamia tout ensuivant des yeux la carte des dimensions qui indiquait petit à petit le trajet suivi par la relique. Ils étaient venus ici car c'était son pouvoir que les différentes magies traçaient.

Au bout de quelques minutes, Tamia s'écria : « Là ! ». Et voilà, ils avaient la dimension où les rebelles étaient cachés avec le sceptre de la déesse ! Elle libéra la magie volée et ce fut comme si un ouragan s'était subitement arrêté. Plusieurs agents s'écroulèrent mais tous restèrent conscients. Les prêtresses entrèrent de nouveau dans la pièce, ainsi que Lantys, et ils allèrent vérifier l'état de chacun des agents.

« On va vous montrer vos quartiers, vous êtes libres de faire ce que vous voulez jusqu'au départ demain soir. Les vestales sont à votre service. » Ils commencèrent tous à se diriger vers la sortie. « Merci à vous. » Dit-elle finalement, fixant toujours le plafond d'un air décidé. Elle récupérerait le bien de son peuple. Quoi qu'il lui en coûte.

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Consignes :
- Si vous n'avez pas posté dans les phase 1 et 2, vous pouvez rejoindre la mission dans la 3, ce n'est absolument pas un soucis !
- Votre personnage participe au rituel décrit dans le poste.
- Il suit les prêtresses jusqu'aux quartiers résidentiels du Temple et chacun a une chambre qu'il partage avec quelqu'un du même sexe que lui ou elle. Même les couples sont séparés.
- Votre personnage raconte ce qu'il pense du rituel mais aussi tout ce qu'il fait après. Il reprend rapidement des forces donc que décide-t-il ? Rester dans la chambre ? Faire du tourisme ? Discuter avec les collègues ? C'est au choix !
- Les Vestales sont des apprenties prêtresses mineures, elles répondent à toutes les questions des agents et leur donnera ce qu'ils demanderont (nourriture, plan pour ne pas se perdre, etc...). Elles sont toutes assez respectueuses et soumises vu leur faible statut dans la hiérarchie du temple (ce qui ne veut pas dire qu'elles aiment toutes les autres races !). Vous pouvez en pnjiser ou vous débrouiller sans elle, là encore, c'est au choix !

code (c) crackle bones

Elysa avait été discrète et silencieuse jusqu'à présent, elle avait écouté, bien sagement les ordres que Tamia donnaient. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle était rassurée de la situation. Alors certes, son mari lui avait dit que rien de mal ne pouvait leur arriver mais seulement, ils n'étaient pas à l'abri d'une attaque surprise et que sans défense, elle ne donnait pas cher de sa peau. Les autres agents avaient peut-être de la ressources, elle aussi, mais elle avait l'avantage de pouvoir se régénérer en cas de problèmes, seulement, dans l'immédiat, sans ses pouvoirs, elle ne savait pas si cet atout était toujours présent. L'humaine eut rapidement la réponse quand d'autres agents, vampire par exemple ou ayant la faculté de se transformer posèrent les mêmes questions, à voix haute ce qui obligea -même si ce n'est pas vraiment le terme, la Reine des Enfers était loin d'être obligé à faire quoi que se soit – à répondre à leurs troubles.

Les doutes furent donc vérifier, ils étaient coincés ici, sans pouvoir et surtout sans possibilité de se défendre en cas de problèmes. Après, le royaume n'était pas sans pouvoir et les Inyas pouvaient intervenir pour les protéger, mais le nombre fait aussi la force, c'est du moins ce que pensait la jeune femme. Elle chercha du regard son mari mais il était en train de se diriger vers les bains pour hommes histoire de se purifier... Un ange devait se purifier ? Pourtant, c'était des êtres purs justement... Ou alors elle allait devoir parler avec son mari de chose qu'il ne lui aurait pas expliquer, ou qu'il aurait pu lui cacher éventuellement. Un sourire au coin des lèvres, elle suivit le groupe de filles pour aller faire de même de son coté. En tant qu'humaine, elle avait sûrement plus de chose à purifier que son mari, encore que malgré une période un peu mouvementé, elle s'était clairement assagie. Les demoiselles semblèrent se séparer en deux groupes, il y avait les plus sérieuses qui se contentèrent de prendre les consignes à la lettre et l'autre groupe, bien décidé à jouer et profiter un peu. Elysa était dans son élément, elle aimait l'eau et ne se prenait que rarement au sérieux. Aussi, quand sa co-équipière lui lança de l'eau, elle lui rendit la pareille en essayant de ne viser qu'elle, ce qui fut plus ou moins une réussite, mais de toute façon, dans une bataille d'eau, il est très difficile de ne viser qu'une seule personne.

« Fallait pas me chercher miss ! »

Ely se mit donc à rire, continuant de jouer avec la jeune femme. Elle en profita également pour attaquer Autumn qui semblait un peu pensive mais qui n'était pas la dernière non plus pour s'amuser. Lorsqu'on leur fit remarquer qu'il était peut-être temps de sortir des bains, l'humaine ne dirigea vers sa serviette pour se sécher et enfiler quelque chose de plus simple, une longue robe qui se serrait sous la poitrine mais qui laissait le reste caché sur le tissu. Ses cheveux étaient mouillés et la demoiselle préféra donc les laisser sécher naturellement, une petite pince retenant simplement ses mèches pour ne pas les avoir dans son visage. Quoi qu'il en soit, elle attendait de revenir dans la salle pour en apprendre d'avantage parce que là tout de suite, le stress était à nouveau revenu et elle avait vite oublié ce moment de détente qu'elle venait de prendre avec les autres filles.

La mise en scène était impressionnante. Elysa ne pensait pas du tout se retrouver un jour au centre d'un rituel, en même temps, elle ne pensait pas non plus se marier, encore moins avec un ange, alors oui, dernièrement elle avait une vie dont elle n'avait jamais soupçonnée quoi que se soit. Bref, elle écouta Lanthys puis Tamia qui leur indiqua de se mettre en cercle. Ely retrouva presque naturellement la main de son mari, dont elle ne voulait plus se séparer, à deux ils étaient plus fort, elle le savait bien, mais malgré ça, elle se doutait bien que ça ne serait que de courte durée, elle avait un pré-sentiment à ce niveau là. Lorsque tout le monde fut en place, la jeune femme respira plus calmement, mais elle n'était pas plus sereine pour autant. Si Dael avait pu la mettre sous hypnose le temps du rituel, elle ne serait absolument pas contre, mais bon, elle voulait aussi rester consciente de ce qu'il se passait. Tamia lança l'incantation et la sensation fut des plus étrange. Elle sentait comme une sorte de flux passer sur elle, mais comme de l'eau, ou une brise, elle ne savait pas vraiment, mais la sensation était étrange. Ely avait l'impression d'être aspirée mais en même temps, elle était debout, toujours la main dans celle de son mari et de la personne à coté d'elle. La reine des Enfers annonça alors qu'elle l'avait trouvé, que c'était terminé elle avait trouvé ce qu'elle cherchait. Le rituel s'arrêta et Ely manqua de tomber en arrière lorsque ce fut fini. Elle avait une sensation de nausée, elle n'allait pas très bien, la tête lui tournait... A supposer que sa situation d'humaine l'avait affaiblie à ce point, les autres agents ne semblaient pas spécialement tous aller mieux qu'elle, mais qu'importe. Elle entendit qu'ils allaient être conduit dans leur chambre, toujours en binôme de même sexe, les couples étaient séparés...

« Génial ! J'ai jamais dormi autant seule que depuis que je suis mariée... Faudra m'expliquer la logique... »

Elle avait dit ça à voix mi-haute, seul ceux qui était assez proche avait pu l'entendre, mais elle s'en fichait, elle voulait juste aller se reposer, et idéalement avec son mari, mais à ce qu'elle avait compris, ça serait seul. Ely indiqua quand même à l'ange qui partageait sa vie qu'ils pouvaient se retrouver un peu plus tard pour manger quelque chose, là tout de suite, elle se sentait faible et fatiguée et que ça irait peut-être mieux après.

Une fois dans sa chambre, elle attendit de savoir qui partageait sa chambre avec elle, Ely n'avait pas eu de formulaire avec les personnes qu'elle voulait ou non voir, donc même si elle s'entendait avec tout le monde, c'est plus sympa quand c'est une amie qu'on retrouve. Les vestales qui l'avaient conduites jusqu'à sa chambre lui demandèrent si elle avait besoin de quelque chose, elle demanda simplement un verre d'eau et un plan pour retrouver un peu plus tard son mari. On lui proposa un massage pour se détendre, chose que la demoiselle ne put refuser, qui sait, ça allait peut-être la remettre sur pieds plus vite.

Quelques heures plus tard, elle avait profité de son massage et avait même dormi un peu. Elle se sentait déjà un peu mieux, toujours vidée, mais mieux, alors autant en profiter pour visiter un peu les environs. Ely devait retrouver Dael, espérant qu'il lui ferait visiter les lieux, mais il ne semblait pas être dans les parages, peut-être qu'elle trouverait quelqu'un d'autre avec qui bavarder et parler de ce qu'il s'était passé tout à l'heure.

[1177 Mots]

« On est au temple principal mon vieux. Je ne sais pas où tu vis mais ici c'est le palais de Tamia. J'y suis déjà venue il y a deux ans pour une mission… un peu musclée. Je m'étais battue contre une prêtresse pour un entraînement choc, ça m'a laissé un souvenir impérissable. » Tout bien réfléchi, ça devait être là que Elysa et lui avaient rencontré Alleya pour la première fois. Il ne se souvenait absolument pas de l'y avoir vu, mais en revanche, il avait en mémoire qu'on leur avait mentionné la présence de la fille de Tampopo sur les lieux, dans les gradins, à les regarder se faire massacrer. Bien entendu, même s'il remuait le passé (et son unique précédente visite au temple principal de ce pays), il ne pouvait pas mentionner la princesse à Arawn. Il avait donné sa parole qu'il ne divulguerait pas la véritable identité de la coéquipière de son épouse. Cette dernière était d'ailleurs partie pour discuter avec elle et il remarquait que la blonde métis leur jetait quelques coups d'oeil, mais étrangement, ce n'était pas lui qu'elle regardait, mais Arawn. Et cela semblait bien faire rire l'ange qui se tenait aux côtés du démon, un ange émeraudien nota mentalement Daël, qui, poli, se présenta : « Bonjour, vous êtes un ami de Arawn ? Je suis Daël Montgomery, son nouveau coéquipier. »

La conversation s'arrêta là et tous les hommes se rendirent aux bains. Daël s'y fit discret. Il était trop vieux pour être réellement pudique, mais il n'aimait pas non plus s'exhiber. Pas dans ces conditions en tout cas. Et il n'était pas à l'aise avec le fait de respecter les rites d'une religion qui n'était pas la sienne. Il savait qu'il n'avait pas le choix (finalement, c'était moins une question de croyance que de magie, il n'avait pas besoin d'avoir les mêmes croyances que les personnes du cru), toutefois, ce n'était pas une situation qui le mettait très à l'aise.

Il s'habilla ensuite en blanc, ce qui lui était assez familier, et il se retrouva dans la salle du rituel quelques minutes plus tard. Il chercha des yeux sa femme et la rejoignit. Il écouta avec une grande attention ce que la reine des démons leur expliqua. Il s'était pas mal renseigné sur la géopolitique d'Emeraudia quand il était venu s'y installer, et il n'était pas complètement ignorant de la manière dont avait été créé les enfers ici, mais il ne pensait pas que les démons gardaient un souvenir précieux (et chargé en magie) de cette époque.

Daël avait toujours plus ou moins cru que les Olympiens n'étaient que des humains immortels narcissiques un peu plus doués en magie que la moyenne… mais ce qu'avait accompli la déesse bleue (Cérés s'il avait bien tout compris) ici était plus que du très haut niveau. Elle avait carrément modifié la structure d'une partie de la dimension. Et il comprenait enfin pourquoi les démons l'appelaient la déesse bleue alors qu'il s'agissait plus traditionnellement de la déesse de l'agriculture. C'était probablement à cause de la couleur des cours d'eau qui séparaient maintenant les différentes îles. Et comme Daël était quelqu'un de réfléchi, il poussa plus loin en se disant que ça n'aurait pas du l'étonner. Il avait été endoctriné par son peuple, mais au fond, il était évident que les Olympiens étaient plus que de simples magiciens : ils avaient appris à créer des vies artificielles et ils avaient même fabriqué leur propre dimension. C'était dans des moments comme celui-ci qu'il se rendait compte que son éducation l'handicapait et le remplissait de préjugés. Il se battait encore contre.

Finalement, il prit la main d'Elysa et d'un autre agent pour se laisser porter par le rituel. C'était puissant mais pas si désagréable que ça. Et cela ne dura pas si longtemps que ça. Comme une vague, le pouvoir qui avait fondu sur eux s'était retiré doucement. Lui ne se sentait pas extrêmement fatigué (juste un peu faible en magie), mais Elysa lui dit qu'elle avait besoin de repos. « D'accord, je te retrouve plus tard. » Il ne savait pas pourquoi ils séparaient les couples mariés. Peut-être parce qu'il y en avait peu, et que ça rendait la répartition plus simple dans les chambres. Visiblement c'était une demande de Quartz, alors loin de Daël l'idée de discuter !

Ce qu'il trouva curieux c'était qu'il n'était pas non plus avec son coéquipier. On l'avait mis avec Daniel Burton avec qui il n'avait jamais beaucoup discuté. Il ne se souvenait même pas l'avoir vu pendant le bain ! Haussant les épaules à l'annonce de cette information, il se laissa guidé jusqu'à la chambre en question. « Bonjour Daniel ! » Lança-t-il, égal à lui-même. Il ne savait pas quoi faire en attendant que sa femme ait terminé de se reposer car il supposait que Arawn était parti faire un tour, soit voir sa famille s'ils étaient de cette île, soit juste se promener. Il était dans son pays après tout. Et il ne connaissait pas tant de gens que ça dans cette équipe, avant, il aurait été avec sa sœur Anita et son stupide conjoint Chris', toutefois, la première n'était plus agent et le second n'était pas là. Daël devait bien convenir qu'il manquait un peu de vie sociale en dehors de sa famille… cela faisait pourtant trois ans déjà qu'il était dans ce monde. « Tu as prévu de faire quelque chose ? » demanda-t-il alors à son compagnon de chambré, faute d'une meilleure idée.

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Yvain n'avait pas 90 000 ans, mais il était effectivement plus vieux que le métis dans la mesure où il était un vampire depuis environ six siècles, ce qui était long, même sur Emeraudia : seuls les anges étaient plus vieux que lui (et encore, pas tous!), et certains démons de races un peu particulières comme les succubes. Et même si Yvain n'était pas très intelligent (ou du moins n'était-ce pas sa plus grande qualité keuf keuf), il avait justement appris au fil des siècles – surtout celui passé sur Emeraudia -, à sentir la nature des gens en face de lui. Presque tout le monde savait le faire à l'Agence, deviner approximativement un âge et une race était très facile quand on était habitué. C'est pourquoi le vampire compris assez vite que la personne à côté de lui était à moitié humain et plus qu'à moitié novice. Toutefois, ça importait peu à Yvain qui était bien content d'avoir un peu de compagnie (masculine, ça changeait au moins).

« Oui mais… Je crois que j'aime mieux ça quand même que lorsque nous devons nous battre. J'aurais aimé une carrière plus pacifiste que celle d'agent, mais je n'ai pas vraiment le choix. Les vampires n'ont pas le droit de rester sur Emeraudia sans être agent de la Tour. » Il en avait dit plus qu'il n'aurait du, en partie parce qu'il se disait qu'il devait glisser plus ou moins subtilement sa race plutôt que son nouveau camarade ne le découvre par hasard (ou ne se sente obligé de le demander, ce qui arrivait aussi parfois). Il ne faut pas oublier que, sur Emeraudia, comme la plupart des gens le sente tout seul, indiquer sa race à l'autre lors des présentations était assez normal, c'était comme d'ajouter une précision à quelque chose qui de toute manière se devinait. Enfin… pour les vampires c'était assez simple, on était ça, point. Mais être un démon c'était vague, on pouvait être originaire d'ici, au Pays de l’Été, ou bien de la Terre, et on pouvait être un démon de feu, de pierre, de l'illusion, un voleur d'âme etc. Quant aux humains, c'était encore tout à fait autre chose, leurs pouvoirs étaient diverses ! Et pour en revenir à Archibald, Yvain savait dire qu'il était métis humain-démon mais il n'avait pas de pouvoir lui permettant de deviner la race de démon apparenté au jeune homme. Les vampires n'avaient pas ce pouvoir. Ils humaient juste les odeurs de leur potentielle proie, histoire de vérifier s'ils étaient comestibles (on se rassure, ce n'est pas le cas d'Archibald, Yvain se nourrit seulement de sang humain – en poche le plus souvent -).

« Je m'appelle Yvain Harlighet au fait, et toi ? » Puisque nous parlions de présentations un peu plus haut, autant en finir, n'est-ce pas ? Car il y avait d'autres choses à dire, comme par exemple au sujet de toute cette histoire de bain et de rituel… « Pour en revenir au rituel, ce que je trouve pas très sympa, c'est que nous ayons les prêtresses pour nous surveiller, ce n'est pas comme si nous allions désobéir. Enfin… toi, je ne sais pas, mais moi c'est bien un des trucs que je ne ferai jamais. Tampopo serait capable de m'atomiser ! Elle n'aime pas beaucoup les gens de mon espèce je crois. » Ou alors c'était juste Quigg et lui qui l'insupportaient. Ou les hommes de manière plus général. Avec la reine des démons, ce n'était pas facile à dire.

« Il y en a qui sont plus à l'aise que d'autres » Termina-t-il alors que le petit groupe se levait pour aller s'habiller. Yvain, comme Archibald, se cachait dans la mesure de ses possibilités pour préserver sa pudeur, mais d'autres se baladaient nus sans aucune gêne. Quelque part Yvain trouvait que c'était amusant de voir tous ces caractères dans la même pièce, mais il s'abstint d'aller plus avant dans la conversation car on les pressait d'aller plus vite pour pouvoir rejoindre la prêtresse.

Là, dans la salle du rituel, il devint parfaitement silencieux, même si assez naturellement il resta non loin de son nouveau camarade. Il écouta ce qu'expliquait Tampopo, mais il devait bien admettre que n'étant pas très bon en histoire des couches intra-dimensionnelles d'Emeraudia, il n'en comprit qu'une partie (son cerveau se lassait vite d'écouter sans rien dire aussi). Il manqua même de bailler mais s'en abstint pour les raisons évoqués précédemment : loin de lui l'idée de se faire remarquer !!!

Finalement lors du rituel, il eut Archibald d'un côté et Elena de l'autre – elle l'avait rejoint pour faire cette ronde magique -. Il avait fermé les yeux tout du long et quand il les rouvrit, il se sentait un peu nauséeux. Le blanc de ses yeux était teinté de sang, il avait soif… Comme les agents se dispersaient pour voir dans quelle chambre ils étaient, Yvain s'adressa à Quigg avant d'en faire de même : « Tu penses qu'ils ont prévu du sang pour nous ? » Après tout, il n'y avait que comme ça qu'ils pouvaient récupérer leur pouvoir !

Yvain se rendit à sa chambre. Il regretta de ne pas être dans celle de sa nouvelle connaissance, surtout quand il s'aperçut qu'il était avec Itachi, le démon de la foudre. Yvain avait beau ne pas être le mec le plus futé de la Tour Bleue, il avait bien conscience qu'il n'avait aucun atome crochu avec le démon. Alors il se changea pour repasser des vêtements moins blancs et il se rendit dans les couloirs à la recherche d'une Vestale qui lui indique si on leur avait prévu un repas adéquat. C'est qu'il doutait beaucoup qu'un des humains du groupe accepte de lui servir de donneur (il ne savait pas hypnotisé donc sa morsure était douloureuse en plus du risque d'anémie). Il avait des doutes sur le fait que Tam' ait pensé à ça (mais il était plus confiant pour ce qui était de Lantys) mais il ne serait fixé que lorsqu'il aurait trouvé quelqu'un à qui poser la question. En plus de ça, il tomberait peut-être sur quelqu'un de plus aimable qu'Itachi avec qui discuter hein…

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Bénie soit Cilia par la Déesse car j'ai bien cru un moment que notre reine allait nous laisser poireauter indéfiniment, jusqu'à ce que, peut-être, nous devions tous retourner dans l'eau. Toutefois, je devais bien admettre que j'étais relativement intriguée par cette salle de rituel que je ne connaissais pas. J'étais pourtant une démone dont la mère était une prêtresse mineure, mais je n'avais jamais entendu parler de cette pièce. Il est vrai que j'étais aussi affiliée à un autre temple que celui-ci, mais les démons n'étaient pas une race excessivement secrète. Peut-être était-ce seulement moi qui n'avait jamais été assez curieuse de ce qui pouvait se passer sur une autre île que la mienne. Même si j'étais partie sur Savoir voilà quelques décennies, je n'étais pas pour autant une voyageuse aguerrie.

Connaissant l'Olympien, je lisais l'inscription et des morceaux du puzzle s’imbriquèrent dans mon esprit avant même que je n'entende l'histoire que nous raconta Tamia. Mais je n'eus pas vraiment le temps de m'appesantir sur ces révélations car le rituel commença. Je sentis comme un souffle d'air chaud traverser ma légère robe blanche. Je fermais les yeux, tenant fermement la main de mes voisins. Si je ne m'inquiétais pas de ce vol temporaire de pouvoir, j'étais plus soucieuse de la destination du sceptre volé. Toutes les dimensions n'étaient pas accueillantes et je me doutais que nous devrions ensuite aller l'y chercher. C'était moins le danger que je craignais que de laisser mon fils seul longtemps. Un voyage nous empêcherait d'être ensemble et il était dissipé ces derniers temps. Peut-être qu'un de mes parents devrait venir le surveiller, si, réellement, nous devions tous aller faire une balade dimensionnel. Mais je n'étais pas contre, au contraire, car pour être honnête je trouvais ça immonde de voler un symbole de ce genre. Les anges étaient des ingrats : ne leur avions-nous pas offert notre aide pour qu'ils aient un soleil ? Notre déesse nous avait offert l'eau et, par la même, la vie. Un peu de respect pour un passage aussi important de notre histoire leur faisait-il si mal ? Je comprenais que les démons du temple soit si en colère et que les tambours de la guerre commencent à raisonner. Je n'avais pas réalisé jusque là que c'était plus qu'une simple blessure d'orgueil : ce qui avait été volé était réellement important pour n'importe quel démon un minimum croyant, et plus globalement pour les démons voleurs d'âme. Ma lignée ne comptait pas de voleurs d'âme, pas à ma connaissance du moins, donc je n'étais pas maudite comme la majorité de mes compatriotes (bien que mon histoire personnelle puisse le laisser croire, surtout à moi). Je tenais toutefois au respect de nos traditions ancestrales. Je n'aurais pas grandi sur une île idyllique si l'histoire n'avait pas tourné comme on venait de nous le raconter. Les démons d'Emeraudia étaient plus heureux que ceux de la Terre de manière générale grâce à la déesse… n'en déplaise à ceux qui n'aimaient pas les Olympiens (ce que je comprenais, en partie, ils n'étaient pas tous très fréquentables).

Une fois le rituel terminé, je sentis une vague de fatigue s'abattre sur moi. Je hélais une Vestale pour qu'elle m'indique ma chambre et m'y rendis. Je m'effondrai sur le lit dans une pièce encore vide. Quand je rouvris les yeux, une brunette (Nerwen) était assise sur le lit d'à côté. Je me relevais sur les coudes et souris aimablement : « Bonsoir ! Savez-vous si je dors depuis longtemps ? » Une information utile, surtout parce qu'elle commençait à avoir faim.

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» Mission I : Départ.
» Mission III (2) : Groupe 4, le bord de mer.
» Mission III (1) : Éclaireurs.
» Mission III (2) : Groupe 1, la jungle.
» Mission III (2) : Groupe 2, les marécages.